Selon Dollfus, ces fibules se caractérisent par une "charnière où la goupille s'insère dans l'échancrure d'une traverse placée au sommet de l'arc". Elles sont couramment appelées fibules "cruciformes" ou "en arbalète" (kreuzbalkenscharnierfibeln ou zwibelfibeln en allemand).
Fonction et symbolisme
Les fibules cruciformes avaient un usage principalement vestimentaire. Elles ont aussi un rôle symbolique. Hormis leur aspect "cruciforme", pouvant avoir une signification religieuse, certaines de ces fibules auraient marqué un rôle social particulier. Ainsi, selon J. Heurgon, dès le IIIème s. d.n.è., certaines d'entre-elles, réalisées en argent, étaient remises aux tribuns militaires des légions comme récompense. Au siècle suivant, elles font partie de l'uniforme officiel des hauts fonctionnaires et symbolisent le pouvoir impérial. Le diptyque de Monza (circa 390 d.n.è.) représentant le général Stilicon est l'une des rares figuration de fibule portée et celle-ci est cruciforme. Fidèlement reproduite, elle est portée le pied dirigé vers le haut (donc en contradiction avec le sens chrétien de représentation de la croix). A ce titre, notons que seul l'Empereur avait le droit de porter des fibules incrustées de pierres précieuses.
De rares fibules cruciformes comportent, enfin, des inscriptions sous forme de souhaits ou de voeux.
Localisation
Les fibules cruciformes sont retrouvées de manière relativement uniforme en Gaule ainsi que dans le reste de l'Empire; bien que cette forme ne soit pas la plus courante à l'époque donnée.
Datation
Ce type apparaît au IIIème siècle d.n.è. Son usage s'intensifie au IVème siècle. Il se prolonge même bien plus tardivement puisque des fibules cruciformes ont été retrouvées dans des tombes mérovingiennes. A ce titre, cette forme particulière est l'une des sources d'inspiration des fibules créées à l'époque mérovingienne, notamment par évolution de la traverse en plaques triangulaires ou polygonales.
Description
La première particularité de cette forme, mis à part son mécanisme de fixation, relève de la présence de boules soudées aux extrémités de la traverse et, parfois, à l'extrémité de l'arc au niveau de la tête. L'arc est souvent épais, à 2 versants. Sa courbe est fortement prononcée. Le pied, droit et rectangulaire, est allongé. Parfois, le porte-ardillon est très allongé. Certains modèle montrent que l'ardillon ne venait pas s'insérer dans une gouttière du pied mais bloqué par un fourreau venant s'emboîter et recouvrir le pied et l'ardillon.
Les décors sont, dans la très grande majorité des cas, géométriques. Ceux portés sur le pied reposent principalement sur des encoches en croissant, des cercles concentriques et, surtout, des ocelles symétriques. Certains modèles montrent des traces de dorure sur l'arc (Dollfuss).
Sous-types
ce type de fibules se divise lui aussi en 2 grandes familles se distinguant par la forme des boules ajoutées aux extrémités.
Les fibules à "oignons"
Un petit bouton orne l'extrémité de chaque boule dont la forme générale est conique.
Les fibules à "boules"
Les boules situées aux extrémités des traverses sont sphériques.